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Au laboratoire du CHU Mustapha Les citoyens insatisfaits et le personnel dépassé

par Md Jnsplu 14 Novembre 2010, 07:36 sante medecine hopitaux medecins soins


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Photo : S. Zoheïr
Par Karima Mokrani
Des citoyens de plus en plus nombreux se rendent au CHU MustaphaPacha (Alger) pour des analyses médicales. C’est gratuit et plus fiable que chez le privé, conseillent des médecins prescripteurs. Malheureusement, à leur arrivée dans la structure, toute petite et mal aménagée, une vive colère s’empare de la majorité d’entre eux.

Surcharge et anarchie 

Première des choses, il faut se lever tôt et arriver tôt au laboratoire pour avoir son jeton. Les prélèvements se terminent à 10 heures, pas une minute de plus n’est accordée à personne... sauf à ceux qui font partie du cercle des connaissances. Pour les autres, faire ses
analyses médicales à l’hôpital relève de l’exploit. «Ce n’est pas ici, c’est au centre de Bouchenafa», «Vous voyez bien que je suis occupé», «c’est trop tard, vous devriez venir plus tôt», «nous avons un manque de réactifs»... l’accueil est «mauvais», «révoltant».
Des citoyens dénoncent cette situation et accusent le personnel de «nonchalance», de «mépris», de «laisser-aller»... au moment où des personnes âgées et des citoyens sérieusement malades prennent leur mal en patience dans une attente qui semble durer une éternité. Outrée par «l’indifférence» des personnes devant l’orienter, une femme d’un certain âge lance des mots acerbes à l’égard de tout le personnel : «Vous ne craignez pas Dieu...Vous n’avez pas de cœur... Vous paierez pour tout le mal que vous faites autour de vous». «Ce n’est pas donné à tout le monde de faire ses analyses à l’hôpital !» affirme, sur un ton de désolation, un homme d’une quarantaine d’années, à la vue d’une femme, apparemment très malade, prier l’infirmier de la laisser faire ses analyses à l’hôpital, alors que ce dernier insiste pour qu’elle aille dans un centre de soins de proximité. «C’est la loi», argue le paramédical. La salle où se font les prélèvements est bondée. Les patients ne veulent pas attendre dehors. Tous veulent passer et très vite. Ils craignent surtout que d’autres arrivent après eux et passent les premiers. Ce qui n’est pas faux. Un comportement irresponsable qui tend à se généraliser faute d’une bonne organisation du service. «Là où tu passes, tu dois t’assurer d’avoir une connaissance solide», lance un jeune. Les analyses chez le privé reviennent cher. Très cher. A l’hôpital, c’est la surcharge. Trop de demandes, trop de plaintes, trop de récriminations… Les citoyens ne sont pas satisfaits. Le personnel paramédical non plus. Les infirmiers sont épuisés, indignés.
«Il y a trop de demandes. Nous ne pouvons pas répondre aux sollicitations de tous… Nous ne pouvons pas faire autrement», soutient l’un des paramédicaux, les traits du visage tirés par la fatigue. Plus que la fatigue, la colère et la grande frustration de ne pouvoir changer les choses au profit des uns et des autres. Dans ce grand hôpital universitaire du pays, l’exiguïté de la salle des prélèvements est inacceptable. «Ce n’est pas une salle ! C’est trop petit et il n’y a pas la moindre commodité… Ajoutez-y le fait que c’est tout le monde qui se permet d’entrer, sans autorisation. C’est insupportable», fait remarquer l’un des infirmiers.

Des changements s’imposent
Pour améliorer la situation, il est absolument nécessaire de commencer par un élargissement de tout le service : la réception, la salle d’attente et surtout la salle des prélèvements. «Il faut faire en sorte d’avoir plus d’espace. Ouvrir d’autres salles ou s’installer ailleurs, dans un endroit plus grand», estiment des médecins biologistes qui considèrent que l’état des lieux actuels n’est pas pour favoriser l’exercice de leur travail. Le manque de personnel paramédical est aussi un grand problème. «Il faut renforcer le personnel paramédical. Celui chargé de l’orientation du malade qui arrive au laboratoire et celui qui s’occupe des prélèvements», suggèrent
des citoyens. Non sans afficher une certaine «compassion» pour les infirmiers plus que pour les patients. «Il faut les comprendre. Eux aussi sont des humains, non des machines. Ils sont dépassés…», disent-ils.Un autre problème à ne pas négliger, celui du manque de réactifs à l’hôpital. «On fait le prélèvement et quand on vient chercher les résultats des analyses, on découvre que nous n’avons pas tout. Certains paramètres ne sont pas faits par manque de réactifs… et on ne nous le dit pas !» se plaint une patiente. Automatiquement, elle part chez le privé. Autre chose à signaler, c’est que les citoyens, eux aussi, ont une grande part de responsabilité dans ce laisser-aller grandissant. «Il faut voir combien de sachets poubelles, pleins de résultats d’analyses, que nous jetons tous les mois. Des citoyens font des analyses mais ne reviennent pas récupérer les résultats», confie un infirmier. Pourtant, ces analyses coûtent cher pour l’Etat. «Ces analyses coûte au minimum 12 000 DA et le concerné n’est pas venu pour les récupérer !» affirme un médecin, évoquant un seul exemple parmi tant d’autres. Le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Djamel Ould Abbes, est interpellé sur toutes ces questions. Il doit évaluer lui-même la situation et prendre les décisions qui s’imposent dans l’intérêt de tous. Des citoyens expriment leur souhait que ce dernier se déplace sur les lieux (dans ce laboratoire et dans ceux des autres hôpitaux à travers le pays) pour constater l’anarchie qui y règne. Une anarchie favorisée, devrions-nous le souligner encore une fois, par le manque d’espace et d’effectif. 
K. M.

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