Il y a au moins deux façons de
concevoir ce qui se déroule dans le monde arabe actuellement, deux
angles d'approche : soit que la maturité des peuples a
subitement atteint un seuil qualitatif qui déclenche globalement sa
réaction au pouvoir dominateur des dictatures, qui leur fait prendre
conscience de leur état et qui leur fait prendre les initiatives
nécessaires, soit qu'il s'agisse d'une combine s'inscrivant dans le
cadre de la théorie de la machination et qui n'a pas dévoilé
l'ensemble de ses traits.
Dans le premier cas, bien que les
peuples ont une sainte horreur du changement qui représente toujours
l'inconnu et produit donc au moins une réticence à l'égard de ce
dont on n'a pas la maitrise, l'avenir, ils se mettent tous, de
l'extrême ouest du Maroc à l'extrême est du Bahrein à clamer leur
citoyenneté et leur recours à la manifestation pour l'obtenir et
dans le cas de la Libye même à la violence. C'est quand même un
peu suspect, au moins intuitivement, car la logique à besoin
d'information, de données pour fonctionner et il est quasiment
impossible de savoir ce qui se trame réellement, même si on le
voulait, la manipulation de l'information devient la règle. Or une
information manipulée conduit à manipuler ses cibles.
Ce rêve de devenir citoyen, c'est à
dire de faire partie de la cité, de faire partie de son pays, de
participer à le créer en permanence, par son travail, par ses
actions, par sa participation à l'élaboration de la stratégie de
développement est en soi révélateur d'un changement qualitatif
dans la perception de soi vis à vis du pouvoir, chez tous ceux qui
s'insurgent contre les pouvoirs de leurs pays. La question se pose de
savoir ce qui a induit ce changement subit. Car en effet la règle est qu'en général on s'oppose inconsciemment au changement.
Etre citoyen est en fait la seule et
unique revendication des masses mises en mouvement ou qui se sont
mises en mouvement, qui souhaiteraient voir se concrétiser cette
qualité de citoyenneté qu'on leur refuse depuis des temps
immémoriaux, revendication qui voudrait qu'il y ait égalité, en tout cas
théorique, entre tous les habitants d'un pays devant les chances
qu'offrent ses territoires à l'investissement, à la prise de risque
et à l'action constructive sous une autorité bienveillante et qui
combat leurs difficultés.
Cette subite crise de citoyenneté ou
de volonté d'accès à la citoyenneté me semble donc suspecte.
Ce serait bon quand même d'accéder à
la citoyenneté et cela rendrait d'immenses services aux pays arabes
ainsi qu'aux individus qui les composent.
Car être citoyen suppose qu'on ait des
repères précis et dans la totale transparence, tant en droit qu'en
économie qui font qu'on puisse librement concevoir un projet en
fonction de critères et de conditions valables pour tous et que
seule la compétence prime pour définir la viabilité de ce projet
et non pas des considérations dérivant d'applications occultes des
lois et procédures d'application.
Etre citoyen c'est avoir le droit de
dire son mot, de s'exprimer librement sur la gestion publique de son
pays par des gens désignés par des élus réellement investis par
le biais des urnes et qui n'ont d'autre souci que de satisfaire
l'électorat qui se prononcera réellement sur leur mandat au
prochaines échéances, ce qui à coup sûr « boostera »
les actions individuelles et permettra un décollage des moeurs et
des économies. Est ce cette conscience qui est présente chez les
insurgés des pays arabes ou seulement un mouvement de foules
inconscient et piloté par des niveaux occultes ?
Si par contre on aborde le problème
sous l'angle de la théorie du complot, qu'on additionne les
différentes déclarations des politiciens américains qui ont tracé
même une carte d'un nouveau moyen orient propice à Israêl et lui
permettant de s'intégrer définitivement, on est frappé par un
ensemble de faits et dont le premier, la ligue arabe qui reste
insensible à la destruction de la mosquée du dôme à El Kods,
appelle à l'ingérence du conseil de sécurité de l'ONU en Libye.
D'autre part, certains pays du golfe se font aider de l'étranger, en
l'occurence l'Arabie Saoudite intervient manu militari à Bahrein
sans que personne ne songe à l'en empêcher (n'est elle pas le bras
américain dans la région?) alors qu'on empêche un gouvernement
légal pour ne pas avoir à dire légitime en Libye d'exercer son
droit de pacification dans son propre pays.
Enfin, le rôle de leadership de la
France dans le nouveau drame de la Libye est il éloigné de la
notion d'union pour la méditerranée et de la stratégie définie
par ce pays dans ce cadre ? Cette stratégie ne rejoint elle pas
celle du nouveau moyen orient ? Y a t il fusion entre les deux
stratégies ?
Jnsplu.