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La violence a envahi notre quotidien

par Md Jnsplu 22 Février 2010, 09:40 algeriens violence algerie violences algerien

La violence a envahi notre quotidien


Avant de lire ce qui suit, je vous demanderais de faire l’exercice suivant. C’est la fin de votre journée, vous êtes rentré chez vous, et vous repassez toute votre journée en mémoire. Comptez combien de scènes de violence vous avez vécu ou croisé. En étant très optimiste, vous allez au moins en trouver une. Des enfants entrain de se battre, un adulte qui a insulté un autre, une mère frappant son enfant, un conducteur hurlant des obscénités, un maître d’école ayant sévèrement corrigé un élève ou même vous entrain de crier sur un ou une autre.
La violence est devenue notre moyen de communication le plus répandu, elle enflamme nos relations, aigrit nos enfants et empêche notre dialogue. Nos cinq sens sont étouffés par la violence. On ne se regarde plus on se toise, on ne se sent plus on s’endure, on ne se parle plus on se hurle dessus, on ne se caresse plus on se frappe, on ne s’apprécie plus on se juge, on ne s’aime plus on se déteste, on ne se respecte plus on se méprise. La violence est là, on l’accepte, on l’utilise, on en abuse, on l’encourage et pire même on a appris à en rire.
Quand vous entendez un groupe de personnes, raconter une scène de violence avec des détails sanglants en décrivant les blessures et en se tordant de rire, comment vous sentez vous ? Cette mère qui hurle sur son fils « ne frappes pas ta sœur » tout en lui assénant une gifle magistrale et ravageuse, quel message veut-elle lui passer ? Nous sommes rentrés dans le fameux cycle de violence : le père frappe la mère, la mère frappe l’enfant et l’enfant frappe le chien.

La violence a changé même notre vocabulaire, on ne prend plus un café, on le frappe (naddarbou kahoua), pour rester poli. J’ai assisté à des joyeuses retrouvailles entre deux hommes qui ne s’étaient pas vu depuis un an, voici leur dialogue très haut en verbe: Bonjour salopard, comment vas tu ? ca va bien espèce de con et toi ? Que ton grand-père soit maudit, tu m’as manqué ! Tout cela dans de gros éclats de rire.
S’ils se disent tout cela parce qu’ils sont contents de se retrouver, je me dis qu’il ne faudrait jamais que je sois là quand ils vont être fâchés. Le drame, est que je n’étais pas seule avec eux, il y avait leurs 3 enfants. Que doivent-ils penser? Quel message leur transmettent leur propre parent ? Ne sont ils pas leur modèle ?
C’est quoi la violence ? Voici une des nombreuses définitions qui est très simple à comprendre. Nous devenons violents quand nous sommes en colère, au lieu de nous exprimer par des paroles, nous hurlons ou nous frappons. À force de perpétuer de tels comportements nous aidons la violence à se banaliser, nous en faisons même une alliée. Elle devient notre outil de communication avec l’extérieur, et pour lui exprimer notre reconnaissance on l’apprivoise, on la vénère, des fois même on en devient esclave. J’ai une question pour vous, qu’est ce qui est plus difficile et donc plus valorisant ? Résoudre ses problèmes par le dialogue ou par la violence ? Pourquoi on est violent ? D’une part, on ne sait plus communiquer et d’autre part, c’est une mauvaise gestion de la colère. De plus notre colère est souvent mal dirigée, nous pouvons être en colère contre nous même, ou contre quelqu’un d’autre et exploser sur la première personne rencontrée. Souvent l’explosion est impulsive, combien de fois vous est il arrivé de regretter juste après avoir éclaté sur quelqu’un ?
Il existe des moyens pour d’abord être moins souvent en colère et ensuite de mieux gérer sa colère. La colère surgit suite à une contrariété.
Un événement : Cela peut être n’importe quoi (la voiture ne démarre pas, notre équipe de foot perd, il pleut, il n ya plus de pain à la boulangerie, quelqu’un a volé nos affaires, etc.…)
On constate l’événement, et on ressent cette colère qui nous remonte des tripes. Cela nous étouffe et il faut absolument sortir cela de notre corps. Sortir sa colère est un acte sain, agresser les autres est toute autre chose. On peut soit réagir instinctivement donc violemment et tout de suite exploser sur la personne qui a le malheur de se trouver à proximité, ou, respirer profondément et prendre deux minutes pour trouver un autre moyen de sortir sa colère. On y réfléchit d’abord. Est-ce que l’événement était sous notre contrôle ? Si oui, on s’assure que cela ne se repasse plus en prenant ses précautions pour le futur en pensant à des solutions pratiques, si l’événement est hors de notre contrôle, cela veut dire que nous ne pouvons absolument rien y faire alors on l’accepte et on s’organise pour dépassionner les choses pour les prochaines fois. En général durant ces deux minutes où on occupe notre cerveau à réfléchir, nous le détournons de cette colère et l’apaisement peut commencer. Si après cela, la colère est toujours là, on peut sortir sa colère et sans faire mal à qui que se soit.
On peut aller marcher, prendre sa voiture et hurler à tue tête. Je connais une maman qui a toujours un tas de journaux à la maison destiné à la gestion de la colère. Quand un des parents ou un des enfants est en colère, il s’installe devant ces journaux et les déchire avec rage. Au lieu de se crier les uns sur les autres, ils canalisent leur colère sur une activité physique qui permet de drainer toute cette mauvaise énergie. L’idée étant de se trouver une activité physique qui permette de sortir toute cette rage. Chaque personne trouvera l’activité qui lui conviendra.
Une personne : Quand c’est une personne qui nous met en colère, c’est un peu plus complexe car il ya deux personnes donc, deux perceptions différentes de l’environnement. Ce qui peut vous paraître parfaitement logique à vous, peut être complètement fou pour l’autre. Donc ce qui peut vous mettre en colère, peut des fois, amuser l’autre. Le drame est que plusieurs personnes pensent qu’on doit tous penser comme elles. Le défi de tout être est de pouvoir rencontrer l’autre dans son modèle du monde. C’est un très long chapitre, qui fait couler beaucoup d’encre et que j’ai essayé de résumer en quelques phrases.
Revenons à notre sujet. Une personne pose un geste ou un mot que nous n’aimons pas. Là aussi on peut réagir de deux façons : Réagir instinctivement et exploser verbalement ou physiquement, ou, on peut décider de prendre deux minutes pour rationnaliser. On se pose une seule question, pourquoi je vais crier ou frapper ? Est ce pour que la personne comprenne ou est ce pour sortir cette colère de moi. Si c’est pour sortir la colère de moi, il vaut mieux utiliser les moyens de gestion de colère cités plus haut, si c’est pour que la personne comprenne, il y a autre chose à faire que hurler ou frapper. Regardons cela de plus près.
Pour qu’une personne comprenne, il faut lui passer un message. La signification d’un message est donnée par la réaction qu’il suscite. En matière de communication efficace, le résultat compte plus que l’intention. Ce n’est pas ce que vous dites ou vous faîtes qui est important, mais bien ce que l’autre en a compris. C’est la réaction de votre interlocuteur qui vous renseigne sur l’impact réel que vous avez sur lui.
Est-ce qu’en criant ou en frappant, vous allez arriver à passer votre message ? Je ne suis pas si sûre ? Si j’agresse une personne, elle va avoir le réflexe de se refermer sur elle pour se protéger donc, elle n’écoutera pas du tout le message que je veux lui transmettre, elle sera trop occupée à avoir peur, se sont juste des paroles en l’air et du temps perdu. Si je veux quelle comprenne mon message, je dois d’abord respecter son espace et m’organiser pour qu’elle puisse ouvrir ses canaux de communication. Je dois lui parler d’une manière amicale et non menaçante.
Si je résume, quand on est violent le résultat est non seulement nul pour nous car nous n’obtenons rien avec la violence et en plus, il est traumatisant pour la personne qui subit. C’est du temps et de l’énergie perdue pour rien, Réfléchissons quelques minutes ! Qui veut traumatiser l’autre pour rien ? Je ne parle pas bien sûr des criminels et des personnes avec des problèmes mentaux. Je suis sûre que monsieur ou madame tout le monde n’a aucune envie de traumatiser qui que se soit. Seulement, en étant violent, monsieur ou madame tout le monde font des dégâts sans s’en rendre compte.
Illustrons tout cela par un exemple pris dans notre vie quotidienne :
- Voici le scénario : vous êtes dans une administration et vous attendez votre tour. Il y a une dame aux beaux atours qui rentre après vous et, qui brûle la chaîne et cela vous met en colère. Vous voulez lui passer le message que ceci n’est pas respectueux pour tous ceux qui attendent depuis longtemps, et qu’elle n’a pas le droit d’agir ainsi même si elle est la petite amie du guichetier. Que faites-vous ?
- Situation 1 : Vous voyez la scène, la colère vous envahit et vous lui hurlez : Hey ! madame ! pour qui tu te prends ? tu crois que c’est juste parce que tu es une femme, T’arrives ici, tu passes avant tout le monde ? pour qui tu te prends ? Tu es comme tout le monde, alors attends comme tout le monde !
Elle vous répond plus fort de vous mêler de vos affaires et la bagarre éclate (insultes et même coups). Dans la majorité des cas, vous avez hurlé pour exprimer votre colère et la dame , se sentant agressée, se défend en criant plus fort et elle passe quand même et avant vous. En criant, vous lui avez fait peur et elle a automatiquement fermé l’écoute pour se concentrer à gérer sa peur et se défendre.
o Situation 2 : vous voyez la scène, la colère vous envahit et vous prenez deux minutes pour y réfléchir. Vous lui dîtes doucement sans crier : Madame comment vous vous sentez en brûlant la chaîne ? Comment vous pensez que nous qui attendons depuis longtemps, on va se sentir ? Essayez le c’est magique des fois. Vous venez de retourner toute la pression qu’elle vous a fait subir, vers elle. Elle va se sentir gênée et fautive. Non seulement vous ne l’avez pas agressée donc elle n’a pas fermé son écoute et en plus vous venez de la responsabilisé sur ses actes.
En résumé, vous n’avez pas crié, vous n’avez pris aucune pression et surtout votre message a plus de chances de passer. D’après vous, laquelle des deux manières a les plus d’impact ?
En conclusion, je veux vous dire que je suis consciente que c’est très simplifié comme rédaction sur le sujet. Je crois surtout, que l’idée derrière un tel écrit est juste de déclencher un débat une réflexion sur la violence. Je ne prétends pas détenir toutes les connaissances sur la violence ni la solution d’ailleurs, mon objectif à travers ce document est de susciter pour les lecteurs une envie d’en savoir plus sur le sujet.
Il existe beaucoup d’écrits là-dessus, beaucoup d’articles éducatifs sur la toile du net. Si on s’encourage nous et nos enfants à aller comprendre plus, ce phénomène de violence, alors on a réussi. Est-ce que cela veut dire que demain nous aurons enrayé toute cette violence qui existe parmi nous ? Non ! Est ce que cela veut dire que demain nous serons un iota meilleurs pour gérer notre colère qui engendre notre violence ? Oui !
Nacera Kherbouche
MBA, Expert en gestion de performance & coach

Source:
http://www.algerie-focus.com/2010/02/21/la-violence-a-envahi-notre-quotidien/
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