La fonction essentielle d'un état au sens contemporain est de légiférer dans tous les domaines de la vie sociale, puis d'exécuter cette législation. Or, la législation en islam est en théorie totalement divine. Les sources du droit musulman, peuvent se subdiviser en sources "transmissibles" et sources "intellectuelles". Certains diront qu'il y a des sources principales et des sources accessoires, ce qui revient strictement à la même chose (à peu de choses près pour ne pas choquer les puristes, l'analogie fait partie des sources principales mais ne fait pas partie des sources transmissibles).
Les sources transmissibles, qui sont le Coran, la tradition du prophète et le consensus nécessitent une interprétation dans le cadre des secondes avant d'être appliquées sur le terrain de la pratique. Pour dire que le consensus fait partie des règles transmises, les oulémas se fondent sur un Hadith :" Ma communauté ne s'accorde pas sur l'égarement".
Certains courants ne voient pas dans le consensus (l'Idjmaâ) une source transmissible et considèrent qu'il s'agit d'une interprétation analogique qui peut supporter une remise en cause. Mais ils sont rares.
Donc, un parlement au sens moderne dans cette optique n'aurait pas de fonction législative, forcément, le peuple n'a pas de souveraineté à déléguer mais est totalement soumis à Dieu et à son prophète qui seuls détiennent la souveraineté.
Or les dispositions du coran et de la sunna nécessitent une interprétation, qui ne peut être effectuée que par les théologiens. De ce fait et indirectement, la souveraineté passe entre leurs mains dans la pratique et ils légifèrent au nom de ...Dieu et de son prophète.
D'autre part, il y a deux façons d'acquérir le pouvoir en islam, celle des kalifes bien guidés et celle du coup de force.
Aucun des Califes éclairés n'a cherché le pouvoir, au contraire, Abou Bakr et Omar se disputaient et chacun voulait que l'autre soit le calife, puis Abou Bakr une fois désigné et qu'on lui fit allégence essaya de démissionner mais il lui fut fait opposition sur sa démission et c'est lui lorsqu'il se sentait mourrir qui désigna Omar après consultation. Sans les énumérer tous les quatre je dirais simplement qu'en tous cas la consultation à toujours eu lieu avant la nomination des califes éclairés et le serment d'allégence était la règle.
Au final, ce qui retenait les califes éclairés c'était justement qu'ils étaient éclairés, leur connaissance de la religion et les certitudes qu'ils avaient et qui ne sont pas à la portée de tous les musulmans .
Le système de gouvernement qui a caractérisé leur époque est attaché à leur personne et il ne saurait servir de référence afin d'être reproduit. D'autant qu'il a produit certes la justice et l'équité, mais aussi leur assassinat qui rèvèle une instabilité politique certaine.
La deuxième façon de gouverner des musulmans qui est celle du coup de force n'est pas non plus souhaitable comme référence.
Rien dans le Coran ou la sunna, je crois mais peut être que je me trompe, n'indique dans les grandes lignes une forme particulière de gouvernement, une manière de gouverner bien précise à l'exception du fait de la consultation et de certains autres détails.
L'ère est elle encore "au ahl al hall oual akd", ce système suppose une tutelle sur le peuple, exercée par les détenteurs du savoir religieux qui se déterminent sur un candidat à présenter au peuple. Or dans la cacophonie des avis religieux à l'heure actuelle, nul n'échappe à l'erreur, ni les doctes ni les moins doctes.
Certains ont dit qu'on pourrait concevoir un système de gouvernement moderne avec un ou des comités religieux, que consulteraient tout ceux qui sont détenteurs d'un poste de responsabilité au dela d'un certain niveau et en deça désigner dans chaque administration un agent de culte pour les avis religieux et le doter d'un pouvoir critique qu'il soumettrait aux instances supérieures. Mais n'est ce pas la un peu ce qui se passe en Algérie, mais sans résultat tangible ?